Autrice: Anna Soncini Fratta
La littérature choisit souvent la guerre comme toile de fond pour ses romans ; toutefois, les oeuvres écrites alors que la guerre sévit encore le pays, se détachent des autres, car elles portent la marque importante de ce qu’on ne veut pas voir : la blessure secrète que la violence de la guerre inflige au psychisme collectif.1 Les traumas de la guerre et les changements profonds qu’elle apporte à l’être humain, à sa pensée, à sa façon d’agir ne sont pas, en effet, immédiatement percevables et l’écrivain qui s’attache à décrire la guerre au moment même où il la vit, dévoile avec ses mots ce que la pensée ne veut pas encore reconnaître. Il offre ses réactions profondes, dans l’espoir sans doute de faire comprendre ce moment traumatique ; cependant, peut-on comprendre la guerre ?
Les textes écrits en Belgique, pendant la Première Guerre mondiale aient un rôle important de témoignage qui va au-delà de l’anecdotique de guerre ; s’ils ont été méconnus, quand ils n’ont pas été oubliés, ce n’est pas parce que leur écriture a été vaine, mais parce qu’elle était trop puissante pour être acceptée. Et la neutralité du pays parait avoir joué un rôle fondamental dans la structuration de l’imaginaire de ces textes. Les oeuvres écrites entre 1914 et 1918 portent en elles les signes d’une souffrance qui semble ne pas s’effacer.
La façon d’appréhender la neutralité, les réactions à la guerre et l’analyse de certains textes écrits à l’époque (en guise d’exemples) permettent de construire « une » histoire12 de l’esprit, un rapport à l’imaginaire que l’on retrouve chez les écrivains du XXIe siècle. L’influence de Première Guerre mondiale souffle encore sur les esprits.
Autrice
Anna Soncini Fratta